CECI N'EST PAS UN GUIDE POUR NETTOYER SON ORDINATEUR, CECI
EST UNE EXPLICATION DES CAUSES DE RALENTISSEMENTS
Causes matérielles :
- Le disque dur est
le seul composant mécanique d’un ordinateur. C’est donc le seul composant qui
s’use avec le temps. En général la durée de vie est entre 4 et 7 ans, la
diminution de performance n’est pas proportionnelle à l’âge. Un disque dur neuf
atteint généralement 100 Mo/s de débit, et va descendre jusqu'à 40 Mo/s au bout
de 5 ans. Les autres pièces s’usent évidemment mais aucune ne diminue en
performance. C'est binaire, soit elles fonctionnent soit elles ne fonctionnent
pas ou par intermittence. Mais elles ne peuvent pas fonctionner moins vite. Par
exemple, un condensateur grille et plus rien ne fonctionne, mais ne ralentit
pas. La batterie d’un ordinateur portable vieillit aussi, mais n’impacte pas
les performances. La poussière agit sur les ventilateurs en diminuant leurs
capacités de refroidissement, mais là encore une fois cela ne ralentit pas le
fonctionnement de l’ordinateur.
Causes logicielles :
- Le disque dur se
fragmente (des morceaux de fichiers sont éparpillés dans toute la surface
du disque) ce qui augmente la durée de lecture d’un fichier, reconnaissable par
le grattement du disque (la tête de lecture fait des va-et-vient incessant ce
qui prend du temps et fait siffler le disque à cause de l’air entre la tête de
lecture et le plateau). Même si une défragmentation automatique existe depuis
Windows XP, son efficacité est relative. Cette fragmentation est amplifiée par
le téléchargement P2P (les fichiers sont téléchargés par bribes dans un ordre
chaotique, donc le fichier téléchargé est très fragmenté).
- Le système de
fichier des partitions du disque dur est également en cause. Le système
NTFS diminue en performance au fur et à mesure du nombre de fichiers et de la
fragmentation de ceux-ci. Le système FAT n’est pas en reste puisqu’il consomme
de la RAM au fur et à mesure du nombre de fichiers et leurs fragmentations.
- Les fichiers :
le nombre de fichiers et l’espace libre qui diminue sont aussi des facteurs de
ralentissement de l’ordinateur, car ceci affecte la capacité du système de
fichier et l’efficacité de la défragmentation.
- Le registre :
le nombre d’entrées dans le registre système augmente avec le temps, et cela
pose plusieurs problèmes : le nombre d’entrées invalides augmente,
notamment avec la désinstallation de logiciels ou des versions incompatibles,
le registre se fragmente au même titre qu’un fichier, et un grand nombre
d’entrées d’une manière générale ralentit la recherche d’une clé.
- Les antivirus
sont l’une des causes les plus flagrantes de ralentissement du système. Ces
derniers sont de plus en plus gourmant en ressources système car ils
surveillent de plus en plus de points d’entrées, leur base de données de
signatures antivirales grossie de manière quasi exponentielle (aujourd’hui plus
de 3 millions de signatures, contre 50 000 en l’an 2000). Un antivirus qui
consommait 10% des ressources en 2000, la nouvelle version consommera 50% sur
ce même ordinateur en 2014.
- Plusieurs antivirus
sont parfois installés sur l’ordinateur, en pensant être mieux protégé qu’avec
un seul. Avec la multiplication des solutions antivirales gratuites, cela est
courant. Pourtant, en plus que l’ordinateur n’est pas mieux protégé, les deux
antivirus sont généralement moins efficaces ensemble car chacun va prendre la
main de l’autre, ce qui permettrait aux virus de s’installer dans cette
confusion. Mais le plus gros problème est la baisse de performance de
l’ordinateur, qui peut être divisée par deux.
- Les autres menaces
sont également présentes : les spywares, les rootkits, les spams et j’en
passe. Il existe des logiciels résidents pour s’en prémunir, qui n’existaient
pas il y a 15 ans. L’installation de ces logiciels n’est pas anodine en termes
de performance.
- Les logiciels
sont de plus en plus gourmands en puissance de calcul CPU et en utilisation de
mémoire RAM pour plusieurs raisons :
- Les
logiciels sont développés avec des logiciels plus haut niveau qu’avant, ce qui
implique certes un développement plus aisé, plus fiable, mais plus gourmand
(les garbage collector de JAVA et .Net par exemple).
- Les
logiciels sont de plus en plus sophistiqués, incluant de nouvelles
fonctionnalités toujours plus poussées et paramétrables.
- Les
logiciels offrent des interfaces toujours plus belles, ce qui a un impact sur
les performances de ceux-ci.
- Les
logiciels sont plus protégés, contre le piratage par exemple. Les jeux vidéo en
sont un parfait exemple, et les applications qui les protègent ne sont pas
neutres.
- Les vidéos, par
leurs qualités et leurs tailles, sont toujours plus grosses : il y a 10
ans, Youtube ne proposait pas de vidéo HD ou FullHD, maintenant nous allons
toujours essayer de lire la vidéo dans la meilleure qualité possible. Ceci
implique une consommation de CPU accrue, jusqu’à la limite des performances de
l’ordinateur. Cette qualité est également améliorée grâce à des algorithmes de
compressions plus fins, mais qui en contrepartie consomment plus de ressources.
La même vidéo, compressée en 2014 va consommer plus de CPU qu’en 2004.
- Les pilotes
s’accumulent dans le système, notamment les pilotes de périphériques que vous
avez pu brancher (un smartphone, un baladeur, une clé USB, une imprimante, une
webcam). Même si vous ne l’avez branché qu’une fois, un pilote a été installé
et peut dans certains cas être chargé systématiquement même si vous ne vous
servez plus du périphérique.
- Les mises à jour de
Windows s’accumulent également, au point parfois de doubler la taille du
répertoire Windows par rapport à l’origine. Ces mises à jour, généralement
légères, sont en très grand nombre, ce qui à force provoque des
ralentissements. Ne nous méprenons pas : ces mises à jour sont
nécessaires, notamment les mises à jour de sécurité critiques.
- Les données
personnelles sont également en cause dans ce ralentissement. Par exemple
votre Outlook va être beaucoup plus long à charger avec les 10 000 mails
de votre Gmail, que le même Outlook sur le même ordinateur mais avec seulement
20 mails de votre MSN.com ! Ceci est vrai également pour l’historique de
navigation de vos navigateurs, et pour les fichiers de cache de vos
applications qui vont grossir interminablement. Sans compter que vos fichiers
personnels, à force de copier/coller à titre de sauvegarde, vont se retrouver
en double ou en triple inutilement.
- Les animations
Flash, par exemple, sont devenues tellement sophistiquées que visiter un
site avec quelques animations devient impossible avec un vieil ordinateur même
avec Flash à jour. Là encore la mise à jour de Flash est indispensable car
c’est un nid à failles de sécurité. Mais Flash est devenu si peu performant
qu’il peut mettre à genou n’importe quel ordinateur avec un processeur ancien.
Ceci vaut pour tous les plugins de navigateur d’une manière générale.
- Le Web 2 est
également un facteur méconnu de ce ralentissement. Les sites en Web 2 utilisent
des Framework JavaScript qui exécutent du traitement dans les pages côté navigateur.
Ceci permet d’avoir une navigation plus fluide, plus jolie… Mais cela permet
surtout d’alléger les besoins de calcul sur les serveurs web (les pages étaient
entièrement calculées côté serveur et le navigateur n’avait qu’à l’afficher,
sans rien calculer) ! Ce besoin de calcul a été, petit à petit, déplacé
sur le navigateur du visiteur, ce qui n’était pas prévu au début du web et dans
les anciens navigateurs. Visiter un site entièrement en Web 2, tel Facebook,
peut s’avérer être un parcours du combattant pour un vieux CPU.
- Les logiciels qui
se lancent au démarrage s’accumulent sur l’ordinateur. En plus des
problèmes rappelés ci-dessus, l’autre gros élément bien connu sont les
logiciels qui se lancent au démarrage, en tant qu’application ou service, et
continuent à résider en mémoire. Ceci ralentit considérablement le démarrage de
l’ordinateur, et consomme beaucoup de mémoire vive, ce qui implique d’autres
problèmes qui seront explicités ci-dessous.
- Des logiciels
indésirables peuvent s’installer (en plus des virus qu’on peut attraper),
ce qu’on appel les PUP. Ce ne sont pas vraiment des virus, ce sont des
logiciels « publicité mensongère » : ils ne sont pas du tout ce
pourquoi ils ont été installés. Les faux antivirus en sont l’exemple le plus
flagrant, que l’on installe en cliquant sur une publicité d’un site, qui nous
avait averti que nous avions plein de virus sur notre ordinateur. Crédules,
nous installons cette trouvaille gratuite et qui nous trouve effectivement
plein de virus. Sauf que tout est bidon : il n’y a pas de virus, sauf le
logiciel lui-même, qui va vous extorquer des euros en échange d’un
pseudo-nettoyage. Il existe d’autres exemples, comme les logiciels (ou barres
de navigateur) qui s’installent à notre insu parce qu’on n’a pas décoché la
bonne case avant de cliquer sur « Suivant » pendant l’installation
d’un logiciel gratuit… Gratuit mais sponsorisé par ces logiciels indésirables.
En laissant ces logiciels trainer, cela peut faire de votre ordinateur un
ordinateur zombi (c'est-à-dire contrôlé par un botnet).
- Des logiciels de
réparation que l’on installe, pour patcher un problème. On a trouvé ce
logiciel sur un site, on n’a pas compris à quoi il sert, mais on l’installe quand
même. Parfois il ajoute effectivement une rustine, mais généralement il ne fait
pas son boulot, ou il corrige un autre problème que le vôtre, ou pire encore
vous aviez mal diagnostiqué votre problème. Tous ces patchs, mal installés,
peuvent ajouter des problèmes au démarrage du système et des applications, ce
qui est préjudiciable pour les performances globales.
- Des logiciels de
nettoyage du système, nettoyage du disque dur, diagnostique de problèmes
systèmes, défragmentation du registre, logiciel qui libère la mémoire vive. La
plupart ont un impact très faible sur le gain de performance, et peuvent avoir
un impact négatif s’ils sont mal utilisés ou si plusieurs sont installés ayant
le même rôle. La commande scandsk, qui est largement utilisée, ne permet pas
d’accélérer le système si le système de fichier était exempt d’erreurs.
- La migration de
Windows, de XP vers Vista, de Vista à Windows 7, de Windows 7 à Windows 8
est aussi un gage de perte radicale de performance. Ceci n’est pas adapté pour
conserver les performances originales : l’accumulation de l’OS précédent
est conservé, voir amplifié, dans le nouvel OS, qui est par définition plus
gourmand !
« PC,
smartphones, tablettes »
Ces problèmes de ralentissement touchent aussi bien les
ordinateurs (PC Windows et Mac), les smartphones et tablettes. Vous trouverez
toujours des gens pour dire que son ordinateur fonctionne toujours
impeccablement après 5 ans, d'autres qu'il faut changer ou réinstaller tous les
ans. D'autres encore qu'il faut changer vers Linux ou Mac. Cet article n'a pas
pour but de débattre sur "le meilleur OS" ou "le meilleur
logiciel de nettoyage".
Chez Apple, le problème de ralentissement est globalement le
même, sauf pour les PUP et les antivirus qui sont moins répandus, ainsi que les
mises à jour du système moins nombreuses, même si sur ce dernier point les
choses ont l’air de changer. D’autre part, l'usage moyen d'un Mac est très
différent de l’usage d’un PC, l'utilisateur y installe généralement moins
d'applications/jeux. Cependant la réinstallation du système est moins répandue
chez Apple. Par contre l'obsolescence y est plus décriée que sur Windows.
« Obsolescence
programmée »
On ne peut pas parler d'obsolescence programmée à proprement
parler, car l'ordinateur reste utilisable plusieurs années après son achat,
pour faire les mêmes tâches que pour lequel il a été acheté. Les tâches
actuelles sont plus gourmandes, car on a augmenté la qualité graphique et la
sophistication des logiciels, ce qui a un coût en termes de CPU/RAM. On n’est
nullement obligé de céder à ces nouveaux logiciels, mais on y est parfois
poussé :
- Certains sites ne sont plus compatibles avec les
anciens navigateurs (ex : Google Docs, Hotmail).
- Ne pas mettre à jour Windows laissera des
failles de sécurité béantes rendant l’ordinateur plus vulnérable aux attaques
et virus.
- De nouveaux formats de fichiers apparaissent et
ne sont pas toujours rétro compatibles (ex : Word 2003 n’ouvre pas
nativement un fichier Word 2007 .docx).
D’après le principe de Moore (ou la loi de Moore), la
puissance de calcul CPU évolue à un rythme de +100% tous les 18 mois. En
d'autres termes, votre ordinateur acheté il y a 3 ans est théoriquement 4 fois
moins puissant qu'un ordinateur équivalent aujourd'hui. Cependant le prix des
ordinateurs a baissé ces 10 dernières années pour deux raisons :
- La qualité de fabrication a globalement baissé
(matériaux plus fins, plus légers et donc plus fragiles pour baisser les coûts
de logistiques).
- Les prix : Un ordinateur en 2000 coûtait
environ 12 000 francs et les premiers prix étaient à 7 000 francs (soit
aujourd’hui respectivement 2 300€ et 1 300€ tenant compte de l’inflation depuis
2000). En 2014, un ordinateur coûte 700€ et les ordinateurs premiers prix 300€
ce qui prouve l’existence d’une gamme « très bas de gamme » qui
n'existait dans les années 2000. Cette gamme est possible car tous les
composants ont été rognés, notamment les processeurs avec des nouveaux modèles
très bas de gamme comme les Intel Atom.
« Surcouche constructeur »
La plupart des ordinateurs d'origine vendus dans le commerce
sont accompagnés de tonnes de logiciels
dont l'utilisateur final n’a pas besoin, où parfois sont seulement des versions
de démonstrations. Cette même surcouche que l'on retrouve sur les smartphones
Android vendus par les opérateurs téléphoniques. Il est possible de demander,
au moment de l’achat, le remboursement de ces logiciels préinstallés en échange
d’un regard noir du vendeur et d’un délai de plusieurs semaines avant
livraison. Vous pouvez à la réception de l’ordinateur désinstaller vous-même
les logiciels ou opter pour une réinstallation d'un Windows
« vierge », ce qui permettra de ne pas commencer la vie de
l'ordinateur par un handicap.
« Ça rame »
Le ralentissement est provoqué par un manque de CPU et de
RAM. Ce manque de mémoire vive est compensé par le disque dur (ce qu'on appel
le swap) : Windows va utiliser un bout du disque dur comme de la mémoire vive,
malheureusement le disque dur est 1 million de fois plus lent que la RAM, d’où
l’expression, certes maladroite, « ça rame ».
« Les SSD
redonnent un second souffle »
C’est vrai, un SSD donnera un coup de jeune à l'ordinateur
pour deux raisons :
- La vitesse de chargement de Windows et
l’ouverture des applications sont accélérées car les petits accès sont
30 000 fois plus rapides que sur un disque classique (mécanique).
- Sur un SSD, le swap n'est plus ralenti par un
facteur 1 million mais par un facteur 50. C'est cette dernière technique qui
est utilisée par la fonctionnalité Windows ReadyBoost introduite avec Vista :
utiliser une clé USB comme swap, si elle est plus rapide pour les petits accès
que le disque dur interne de l'ordinateur.
Conclusion
Le nettoyage est nécessaire à court terme, mais inefficace à
long terme car il ne nettoie qu’en surface la partie logicielle. La solution
serait la réinstallation complète du système, ce qui est d’ailleurs
systématiquement préconisé par les dépanneurs informatiques (mais ils le
préconisent généralement par incompétence des vrais problèmes), et de
n’installer que les applications nécessaires et les plus économes en
ressources. La solution ultime est bien évidemment le renouvellement du
matériel : choix incontournable si on veut profiter des dernières versions
sans perte de performance.
Tout cela est normal. Puisque la puissance augmente, les
logiciels peuvent exploiter davantage la machine en proposant de meilleurs
graphismes et des perfectionnements. Sans cette logique, certes économique,
nous serions encore obligés d’utiliser des lignes de commande pour lire nos
mails ;)
Bref, pour conserver un ancien ordinateur en état de marche,
il faudrait réinstaller Windows puis ne mettre à jour ni le système ni les
logiciels, et donc le garder hors d'internet...